La station radar allemande Alligator
(juillet 1943 - août 1944, puis 1947)
Le site
Construite à proximité de Bourg-Saint-Andéol entre Bidon et Saint-Remèze, au lieu-dit La Plaine d'Aurèle, cette station radar est l'une des plus grandes en Rhône-Alpes. Elle figure en bonne place dans la carte allemande de 1943 des implantations en France.
La station était prévue pour 2 radars Wurzburg-Reise et 3 radars Freya, les travaux commencèrent en juillet 1943, mais à proximité de Lagorce. La station fut déplacée sur le site de la Plaine d'Aurèle à l'automne 1943. Plus d'une centaine d'ouvriers, en travail forcé, œuvrèrent à la construction.
Sur une surface totale de 30 hectares, était protégée par des champs de mines et un grand périmètre de sécurité. La route (« chemin d'Aurèle ») qui traverse le site, et va jusqu'à Bidon, fut fermée.
La protection aérienne était assurée par des canons antiaériens d'origine française Flak 2,5cm (Flak Hotchkiss 38 -
Wikipedia Flak 2,5
)
Les travaux vont durer plus longtemps que prévu et la station ne sera opérationnelle que fin mai 1944, juste avant le débarquement allié en Normandie. Elle ne fonctionnera que durant quelques semaines.
Le débarquement en Provence eut lieu le 15 août 1944.
Des résistants français ont attaqué le site, à 11h30 le 16 août 1944. L'affrontement a duré environ 3 heures. On ne sait pas quel fut l'impact militaire réel de cette attaque.
Les Allemands feront sauter, à la dynamite, une partie du site, le 20 août 1944, juste avant l'arrivée des Alliés (rappel : ordre d'Hitler, de retraite vers le nord, le 17 août 1944. La bataille de Montélimar s'est déroulée du 21 au 28 août. Saint-Remèze a été libéré le 30 août).
Le secteur fut réutilisé partiellement, par l'armée de l'air, en 1947 (Alligator-2 ?) Certaines installations furent restaurées. Mais le lieu sera assez rapidement abandonné.
Le panneau d'information installé sur le site donne des détails intéressants, notamment sur l'attaque par les résistants.
Il a été inauguré le 25 août 2025. Il a été conçu par M. Raimbault de l'association paysages, patrimoine et environnement de Saint-Remèze.
Plan du site :
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Légende :
T : Transformateur électrique
C : Citerne d'eau
V : lieu de vie (commandement, réfectoire, logements)
W1 : radar Wurtzburg 1
F1 : radar Freya 1
F2 : radar Freya 2 (bâtiment au Nord-Ouest, Flak au Sud-Ouest)
W2 : radar Wurtzburg 2 (bâtiment au Nord, Flak au Sud-Ouest)
F3 : radar Freya 3 (bâtiment au Nord-Ouest, Flak au Sud-Est)
OP : centre opérationnel, seules les fondations du bâtiment en T sont observables
Histoire (simplifiée) du RADAR
Les origines du radar (RAdio Detection And Ranging) remontent au début du XXe siècle quand un étudiant allemand, s'appuyant sur les découvertes de Hertz, expérimenta sur le Rhin un dispositif permettant la détection des bateaux par la réflexion d'ondes radio.
L'invention resta oubliée jusque dans les années 30.
La première entreprise qui s'intéressa à des applications du RADAR fut la firme allemande GEMA. Elle réalisa la détection d'un navire à 12 km, devant des civils et des militaires. Un avion fut aussi localisé à 700 mètres d'altitude. Les militaires furent moyennement intéressés, et ne se sont pas impliqués dans le développement.
La firme continua néanmoins ses recherches et produisit un prototype capable de localiser un avion à une cinquantaine de kilomètres.
De ce prototype furent tirés les premiers radars Freya. Ils œuvraient sur une fréquence de 125 MHz.
Photo d'un radar FREYA :
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Fonctionnement du radar FREYA
Les radars Freya servaient à la détection longue distance (160 kilomètres).
Ils étaient situés dans des cuves de protection, en forme de tour (voir photos des ruines).
L'antenne était composée de trois parties. En partant du bas :
- L'antenne d'émission.
- L'antenne de réception des échos.
- L'antenne IFF (système d'identification des avions « amis »).
Photo d'un radar FREYA :
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